Nous allons cette année, étudier l'univers de la BD, considéré comme le 9è art....Peu importe, le classement d'ailleurs. La BD connaît depuis quelques années un renouveau car elle intéresse de nombreux graphistes et artistes.....qui publient sur des blogs ou des sites... Quant à l'édition qui connaît une crise ancienne, la BD semble en être épargnée partiellement.En consultant le site des Requins marteaux, on ne peut que constater la santé éditoriale et créative de cet éditeur qui a connu les honneurs puisqu'en 2009, Pinocchio a été primé à Angoulême en recevant le Fauve d'Or.188 pages de pur bonheur, voilà ce que nous inspire cet album quand on l'a refermé. Alors pourquoi ?
D'abord parce que Winschluss (voir sa biographie) bouscule les codes de la BD pour écrire une œuvre déjantée, drôle, noire et incroyablement féroce....une sorte de Voyage au bout de la nuit de Pinocchio version BD (oui, j'ose la comparaison pour le pessimisme et l'anti-humanisme).
Commençons d'abord par la couverture de l'album qui donne le ton en quelque sorte : on voit un petit robot au nez de menteur autour un engrenage et un décor riche qui mélange les influences..... la richesse décorative de l'art nouveau mais en "noir"....où la nature s'immisce et envahit tout. Beurk....Quelques détails graphiques font penser aux tatouages des camionneurs ou des marins.....des roses, des glaives..... Quant au titre, Pinocchio, il a une police gothique non pas flamboyante mais enflammée....à la façon des vieux groupes de métal !!!
L'histoire se déroule autour de trois récits parallèles, tous très sombres : le destin de Gepetto, le créateur du petit robot, Pinocchio ce petit garçon-robot et enfin Jiminy, le cafard (écrivain raté en mal d'inspiration squattant dans la tête de Pinocchio).
Le récit s'entrecroise....les planches du cafard sont en noir et blanc et plutôt bavardes, il apparaît comme féroce, alcoolique, au langage cru.
Le début du récit de Geppeto est un exemple de virtuosité de la narration par la BD, on situe la maison, sa position sociale, son âge et on devine une activité d'invention qui se fait dans le plus grand secret... Très vite, ce Geppeto se démarque du bon vieux papy de Disney, il trouve que son petit robot pourrait être une "arme de destruction massive" (expression vouée à un grand succès par ailleurs !) et veut vendre ses plans à l'armée.
La femme de Geppeto meurt justement car elle a joué avec ce robot qui est une arme, en fait ! L'inventeur landruesque découpe sa femme (normal !) et l'enterre dans la forêt !Quant au petit robot, il se perd dans la ville et tombe entre les mains d'un gros industriel qui fait travailler les enfants à la chaîne. Devenu employé de la semaine grâce à sa dextérité de robot super doué, il commence à fabriquer des jeux dangereux qui provoquent des accidents. L'industriel doit s'en séparer et le jette comme les autres enfants incompétents...dans le four, mais.....(à suivre)Les périgrinations de ces trois personnages se poursuivent, toujours dans un climat sombre et on sourit de l'humour noir et déjanté.... Les trouvailles graphiques et narratives se multiplient et au détour d'une page, on devine des clins d'oeil graphiques comme par exemple la vague d'Hokusai....
(Convaincu ?...moi oui !)
Pour conclure ce qui séduit dans cet ouvrage, c'est qu'il s'agit d'une oeuvre graphique complète....dans laquelle on trouve autant de plaisir dans le récit que dans le graphisme. La superposition des trois récits laisse à l'auteur la possibilité de s'exprimer avec des techniques de dessin différentes...couleur, NB, planche avec un unique dessin...comme une peinture...puis simple dessin crayonné.
La critique dithyrambique et les prix ne se sont pas trompés, c'est un album incontournable, réussi pour un public adulte (quelques scènes peuvent choquer....le viol collectif de Blanche neige par exemple brise l'icône Disneyesque)
JC Diedrich
D'abord parce que Winschluss (voir sa biographie) bouscule les codes de la BD pour écrire une œuvre déjantée, drôle, noire et incroyablement féroce....une sorte de Voyage au bout de la nuit de Pinocchio version BD (oui, j'ose la comparaison pour le pessimisme et l'anti-humanisme).
Commençons d'abord par la couverture de l'album qui donne le ton en quelque sorte : on voit un petit robot au nez de menteur autour un engrenage et un décor riche qui mélange les influences..... la richesse décorative de l'art nouveau mais en "noir"....où la nature s'immisce et envahit tout. Beurk....Quelques détails graphiques font penser aux tatouages des camionneurs ou des marins.....des roses, des glaives..... Quant au titre, Pinocchio, il a une police gothique non pas flamboyante mais enflammée....à la façon des vieux groupes de métal !!!
L'histoire se déroule autour de trois récits parallèles, tous très sombres : le destin de Gepetto, le créateur du petit robot, Pinocchio ce petit garçon-robot et enfin Jiminy, le cafard (écrivain raté en mal d'inspiration squattant dans la tête de Pinocchio).
Le récit s'entrecroise....les planches du cafard sont en noir et blanc et plutôt bavardes, il apparaît comme féroce, alcoolique, au langage cru.
Le début du récit de Geppeto est un exemple de virtuosité de la narration par la BD, on situe la maison, sa position sociale, son âge et on devine une activité d'invention qui se fait dans le plus grand secret... Très vite, ce Geppeto se démarque du bon vieux papy de Disney, il trouve que son petit robot pourrait être une "arme de destruction massive" (expression vouée à un grand succès par ailleurs !) et veut vendre ses plans à l'armée.
La femme de Geppeto meurt justement car elle a joué avec ce robot qui est une arme, en fait ! L'inventeur landruesque découpe sa femme (normal !) et l'enterre dans la forêt !Quant au petit robot, il se perd dans la ville et tombe entre les mains d'un gros industriel qui fait travailler les enfants à la chaîne. Devenu employé de la semaine grâce à sa dextérité de robot super doué, il commence à fabriquer des jeux dangereux qui provoquent des accidents. L'industriel doit s'en séparer et le jette comme les autres enfants incompétents...dans le four, mais.....(à suivre)Les périgrinations de ces trois personnages se poursuivent, toujours dans un climat sombre et on sourit de l'humour noir et déjanté.... Les trouvailles graphiques et narratives se multiplient et au détour d'une page, on devine des clins d'oeil graphiques comme par exemple la vague d'Hokusai....
(Convaincu ?...moi oui !)
Pour conclure ce qui séduit dans cet ouvrage, c'est qu'il s'agit d'une oeuvre graphique complète....dans laquelle on trouve autant de plaisir dans le récit que dans le graphisme. La superposition des trois récits laisse à l'auteur la possibilité de s'exprimer avec des techniques de dessin différentes...couleur, NB, planche avec un unique dessin...comme une peinture...puis simple dessin crayonné.
La critique dithyrambique et les prix ne se sont pas trompés, c'est un album incontournable, réussi pour un public adulte (quelques scènes peuvent choquer....le viol collectif de Blanche neige par exemple brise l'icône Disneyesque)
JC Diedrich
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